Juste
un peu flou : Slightly out of focus
de Robert Capa, Richard Whelan (Préface), Cornell Capa (Préface),
Catherine Chaine (Traduction)
Présentation
de l'éditeur
Cet ouvrage réunit le texte et les photographies de Robert Capa
sur la deuxième guerre mondiale à ce jour jamais publiés
en français. Le récit commence en 1941 lorsque Capa, envoyé
par le journal Colliers couvrir la guerre, quitte New York pour rejoindre
l'Angleterre.
A travers son texte et ses photographies, Capa nous immerge dans un
périple trépidant à travers toute l'Europe, de
Londres à l'Afrique du Nord, de l'Italie au débarquement,
de Paris libéré à l'Allemagne aux derniers jours
du conflit. Ce texte, empreint de la violence et de l'horreur des combats,
de toute la verve et l'humour de Capa, mêle la guerre, le débarquement,
sa relation amoureuse avec la séduisante Pinky, son amitié
avec Hemingway. Il révèle Capa sous un autre jour, et
nous permet ainsi de ne pas nous arrêter
à la mythologie engendrée par ses photos, de porter un
autre regard sur son travail de photojournaliste. Il ne se limite pas
à être un simple témoin des faits qu'il relate et
photographie : il n'est pas spectateur de la guerre, il vit la guerre.
Il est reporter, parachutiste, débarque avec les alliés
sur les plages de Cherbourg, s'investit totalement auprès des
hommes dont il partage l'existence. Sur l'édition originale Capa
écrivait en guise d'avertissement : "Ecrire la vérité
est tellement difficile, alors pour mieux la traduire je me suis permis
de faire quelques retouches à ma façon.
Tous les événements et les personnages de ce livre sont
fortuits et ont un certain rapport avec la vérité."
Ces images et ces mots de Robert Capa montrent bien qu'il n'était
pas homme à chercher des vérités absolues, mais
des vérités relatives, relatives à la réalité
des hommes, de leurs vies et de leurs souffrances.
Biographie
de l'auteur
"La vie est dangereuse et celui qui agit doit aller jusqu'au bout
de son acte, sans se plaindre." Blaise Cendrars, Eloge de la Vie
Dangereuse.
Endre Friedmann, qui deviendra plus tard Robert Capa, est né
à Budapest en 1913. Alors qu'il se destine à l'écriture,
il deviendra photographe. Obligé de fuir la Hongrie à
l'âge de 16 ans à la suite de ses activités gauchistes
contre le régime de l'Amiral Horty, il s'installe à Berlin
et trouve un poste de garçon de course, puis d'apprenti photographe
à l'agence de photos Duphot. Il réalise son premier reportage
en 1932 à Copenhague sur Léon Trotsky. En 1933, face à
la montée du nazisme, il s'installe à Paris. Il y rencontre
Henri Cartier-Bresson, André Kertész, David Seymour et
Gerda Pohorylle qui sera sa compagne (c'est avec elle qu'il crée
le pseudonyme de Robert Capa). En 1936, il fait son premier reportage
de guerre en Espagne. La vie de Robert Capa semble alors en prise perpétuelle
à un irrépressible élan. Il photographiera cinq
guerres : la guerre d'Espagne (1936-1939), la résistance chinoise
à l'invasion japonaise (1938), la deuxième guerre mondiale
à travers l'Europe (1941-1945), la première guerre israélo-arabe
(1948) et la guerre d'Indochine (1954). Il créera l'agence Magnum
avec ses amis Henri Cartier-Bresson, Chim et George Rodger, prendra
la nationalité américaine, travaillera avec John Steinbeck,
Théodore H. White, Irwin Shaw, Ernest Hemingway. Il sera l'amant
d'Ingrid Bergman, passera ses après-midi aux courses, ses soirées
dans des clubs avec des femmes ravissantes et ses nuits à jouer
au poker avec des amis comme John Huston et Gene Kelly. Robert Capa
est de ces hommes qui vivent vertigineusement, dans une proximité
dévorante de la réalité, des hommes et du monde.
Par l'acte photographique, au cœur des événements,
au-delà de tout voyeurisme, il montre la guerre avec une émotion
et un courage rares. Et c'est certainement pour cela que ses photos
sont si intenses et exaltantes, que son travail de photojournaliste
a acquis une renommée internationale. Robert Capa est allé
jusqu'au bout, le 25 mai 1954, alors qu'il couvre la guerre d'Indochine,
il pose le pied sur une mine antipersonnel et meurt sur le coup.